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lundi 17 février 2014

Saint Seiya tomes 1 à 13 - Kurumada Masami

Après un Shôjo peu convaincant, je vous sors un bon gros manga de baston old school de derrière les fagots.Voilà qui est plus dans mes habitudes de lectrice douce et délicate  :D

Donc Saint Seiya, ou, pour les gens qui sont à peu près de ma génération et ont vu le dessin animé qui en était tiré: les chevaliers du zodiaque. Petite précision, à l'époque j'étais au collège, et je n'avais plus trop de temps pour les dessins animés, j'avais donc vu quelques épisodes de ci et de là, sans vraiment suivre, ça ne me branchait pas plus que ça, y'avait un ou deux personnages que je trouvais sympas, un ou deux autres qui me sortaient par les yeux, mais c'était tout.
Et je suis récemment tombée sur une parodie du dessin animée, ici:  
Pleine d'humour, de références, pointant les absurdités de la série originale, hilarante, bref, un très bon moment. Avec des gags tellement bien trouvés que je n'arrivais même pas à imaginer quel pouvait bien être le dialogue original. J'ai eu envie de savoir, j'ai trouvé le manga d'occase, et j'ai pu comparer. Et me rendre compte que, tour de force, la parodie s'éloigne très peu de la trame originelle, tout en grossissant le trait.
hmmm les bonnes couleurs flashy des 80's!

Donc pour ceux qui auraient raté un épisode, Saint Seiya s'inspire vaguement de la mythologie grecque, en ce sens qu'une des figures centrales est la déesse Athéna, qui s'incarne de temps en temps sous forme humaine pour venir mettre de l'ordre dans les guéguerres que se livrent les dieux tous les deux ou trois cents ans pour s'occuper.
Athéna? la déesse de la guerre? Oui, mes amis. 
Donc normalement, je dis bien normalement, elle devrait être capable de régler ça toute seule. Seulement, non: elle est coincée dans un corps d'adolescente, et finalement pas capable de grand chose. Ou plutôt, elle ne fout rien strictement rien, et recrute une armée d'ados pour se battre à sa place contre les forces du mal. Oui car on est en plein manga dit " nekketsu" ( héros ados orphelins, pouvoirs magiques, combats épiques contre de gros méchants  10 fois plus balèzes qu'eux mais dont ils triomphent presque sans dommage.. mais nous sommes en 86 là, c'est du old school ou vous dit à l'époque c'était original), donc pas de problème, tout ce qu'on attend, c'est de la baston épique, on est pas là pour s'embarrasser de crédibilité.
Donc tout commence plan plan, avec une multinationale qui a l'idée de génie de relancer les combats de gladiateurs entre gamins - 13 ans de moyenne d'âge- gamins orphelins qu'elle a fait enlever aux 4 coins du monde, enfermés sans vergogne, puis envoyer s'entrainer dans des conditions dignes de la légion étrangère afin qu'ils gagnent leurs galons de chevaliers et les armures de bronze qui vont avec, chacun dorénavant sous la protection d'une constellation. Avec à la clef un tournoi qui désignera in fine le meilleur d'entre eux, lequel remportera l'armure d'or du sagittaire. Bon, déjà des combats de gladiateurs de 14 ans, apparemment tout le monde trouve ça normal, mais que fait la police!
Ok, on l'a dit, laisser le sens critique au placard, et puis les mangas de baston récents ne sont pas plus crédibles. Plus humoristiques, oui, sans aucun doute. Là on est dans le sérieux sérieux, et c'est justement ça, rétrospectivement, qui est involontairement drôle.

Bon, bien sûr, rien ne se passe comme prévu, un premier méchant vole l'armure en plein tournoi, il faut aller la récupérer, les 4 meilleurs sont envoyés se castagner contre le vilain et ses sbires, doubles démoniaques des héros, les gentils gagnent, ramènent l'armure au bercail et le vilain dans le droit chemin,rien de bien palpitant jusque là. Et là, coup de théâtre, on enlève la responsable de la multinationale (14 ans, cherchez l'erreur)! Patatras! On découvre en même temps que tout était un coup monté par elle, qui est la réincarnation d'Athéna pour faire bouger les vrais méchants, planqués en Grèce et qui vont vraiment se fâcher, va falloir aller régler ça directement sur place.

Et là ça commence à devenir un peu, juste un peu comique: les méchants de niveau supérieur, les chevaliers d'argent, sont quand même un peu pitoyables...enfin, pas possible qu'un personnage comme (comment il s'appelle déjà) le chevalier du lézard, crétin narcissique tellement content de lui qu'il se fait laminer comme un bleu en quelques pages, soit sérieux, c'est un gag! C'est obligé! Je me refuse à croire que c'est du sérieux, ça vaudra mieux pour ma santé mentale.
Comme le héros en pyjama étoilé. Ou le second rôle tout content d'avoir enfin une réplique. Ouf, ça fait du bien, un tout petit peu d'humour. D'humour volontaire.

Donc bien sur une fois défaits les boss un peu nuls que sont les chevaliers d'argent, place au sérieux. Ben voui! Bronze, argent.. on s'y attend les suivants sont chevaliers d'or, la crème de la crème, du gros bras d'élite au moins 100 fois plus forts que nos pov' chevaliers de bronze, mais vaille que vaille,va falloir les ratatiner pour attendre le big boss de fin. Il y en a 12 en tout, associés aux constellations du zodiaque, voila le pourquoi du comment du titre français.

Et là, c'est la foire a neuneu aux neuneux, car à force de vivre reclus  au sommet d'une montagne grecque à garder des temples où personne ne fout jamais les pieds (hé bien voui, faudrait déjà passer le premier...du coup, le 12° a largement le temps de jardiner tranquillement), 24/24h, en armure s'il vous plaît, dès fois qu'un ennemi..
Ben, mine de rien, ça vous aigrit le caractère et ça perturbe le ciboulot.
 Après le bélier (pacifique) le taureau (caractériel), on aura donc un festival de tarés en tout genre: le chevaliers des gémeaux, complètement schizo; le chevalier du cancer: un taré sadique - plutôt réussi dans son genre, ce personnage me fait bien marrer, mais ça n'est probablement pas le but. Le chevalier du lion, un type cool, mais sous influence, qui délire à plein tubes. Le chevalier de la balance: 261 ans au compteur, de faux-airs de maître Yoda, parti prendre une retraite bien méritée à la montagne, le chevalier de la vierge: un mégalo qui se prend pour un dieu, le chevalier des poissons: un peu le même genre que le lézard narcissique, mais en encore plus tordu.

A noter que, sans en dire plus, le méchant final changeait un peu par rapport aux standards de l'époque: pas 100% mauvais, un peu complexe, et au final, intéressant, par rapport aux autres adversaires.

Finalement, allez, à la question que vous n'avez pas posée mais que vous brûlez de me poser si vous avez eu le courage de lire jusque là: "mais t'as pas quand même un chouchou?". Allez, disons que du côté des héros, j'aime bien Shiryu , le chevalier du dragon (parce qu'un dragon, c'est cooooool, pas ridicule comme mettons au pif, un cygne..), alias " le gars qui passe son temps à se mettre à poil on ne sait pas trop pourquoi"
 Et côté chevaliers d'or, j'aime bien le chevalier du Scorpion. Pourquoi?

- c'est un des seuls qui réfléchit, quand ses copains semblent avoir mis le cerveau définitivement au placard. Il réfléchit beaucoup.. même un peu trop. Arrête un peu de parler et bagarre-toi, t'es aussi bavard que Purple sur son blog.
- sa permanente résiste à tout, y compris un double saut périlleux arrière vrillé, c'est-y-pas la classe ça? ( ou le fait d'un dessinateur un peu faignant qui a juste retourné la case précédente pour s'économiser un dessin, damned! il n'a pas pensé qu'une tignasse de hippie subit aussi la loi d'attraction universelle!)
- son casque, totalement inutile en combat réel ( comme la plupart d'ailleurs), mais très décoratif, quand le Capricorne  nous sort un casque qui gagne haut la main de la palme du ridicule. Oui, le design des armures, c'est quand même LE truc qui a fait le succès de la série.
- Il survit sans dommages à la rencontre avec les petits blanc becs, contrairement à plusieurs ses collègues. Enfin un qui mérite son statut d'élite- Je sens que c'est un personnage qui a du potentiel comique, sisi... Après tout un scorpion qui fait de l'acupuncture à sa manière, c'est drôle!
- C'est grosso modo le seul des 12 qui me semble un peu sociable, en tout cas, le personnage est un peu plus développé que les autres, ça le rend un poil plus sympa.

Sinon , que dire de plus. Le graphisme des premiers volumes n'est pas vraiment terrible, on l'a dit, c'est du pur années 80, les personnages de 3/4 face sont plus souvent ratés que réussis, les perspectives souvent un peu fausses, mais ça s'améliore vers vers le volume 10. Par contre, je dois souligner une chose: j'ai rarement vu des pages couleurs de début de chapitre qui passent aussi bien en niveaux de gris. Il n'y a pas  à dire: les colorisations à la main, ça donne toujours mieux que les colorisation numériques, le rendu est vraiment meilleur lors de l'impression monochrome. On regrettera quand même quelques bourdes de traduction chez Kana ( j'espère qu'ils auront corrigé pour la réédition), car le traducteur n'a visiblement pas ouvert un bouquin d'astronomie de sa vie. Voir quelque chose comme " Canis Mayol, constellation du chien géant", ça pique les yeux!

donc négatif:
- une histoire un peu tirée par les cheveux (à propos de cheveux , au moins les personnages du manga n'ont pas les couleurs de cheveux de folie de la version animée, exit les tignasses vertes et bleues, grand classiques de cette époque, qui font mal aux yeux)
- didious, que ça se prend au sérieux par moments
-il n'y en a que pour le héros, comme souvent dans ce genre, alors que ce n'est pas forcément le personnage le plus intéressant. J'aurais vraiment aimé en savoir un peu plus sur les chevaliers d'or qui ont l'air d'avoir du potentiel, mais faute de background suffisant passent tous pour de gros sociopathes (le verseau! Sans rire, l'armure est superbe, j'aime bien sa tête,en plus c'est un psychorigide de première sans états d'âmes.. mais on ne sait même pas pourquoi! Mais cornegidouille, j'veux savoir moi, pourquoi il fait autant la gueule. Ben non, à moi de trouver une raison... Alors que c'est quand même le seul personnage pour qui est faite une vraie référence culturelle un peu pointue, via Albert Camus, et l'execution aux aurores dans l'étranger.. c'est du gâchis de bons personnages ça!)

- Des graphismes pas toujours top ( mais ca reste quand même regardable, même si tout le monde semble faire 10 ans de plus que son âge, contrairement à la Préquelle Saint Seiya G, que je ne lirai pas pour cause de graphisme immonde!

Là je sens que  vous voulez des preuves. Ok, va pour les preuves. Prenons au hasard, ce gros taré de chevalier du cancer - parce que c'est encore plus flagrant avec lui.

Version 1: dessin animé - très proche du manga d'origine, je n'ai pas trouvé d'image de taille correcte. Version 2: manga Saint seiya G..
Oui ceci est bien...
...le même personnage qu'à côté













D'un côté un méchant crédible, flippant, et plutôt classe dans l'ensemble
De l'autre euh... ça fait peur, mais pas dans le même ordre d'idée.
Mais même problème que plus haut: pourquoi est-il aussi méchant? Parce que!

merci au site: http://www.saintseiyapedia.com, à qui j'ai piqué les deux images 

positif:
- 28 tomes, ça reste acceptable pour ce genre de séries, les shônens actuels tournent facilement  autour des 50 volumes. A la limite, vous pouvez même vous contenter des 13 premiers, si seul l'arc que vous avez vu en dessin animé vous intéresse
- Ca ne traîne pas en longueur: pas de bastons interminables sur plusieurs tomes. Il y a bien quelques flash back de ci de là, mais ils ne prennent pas 3 volumes entiers à chaque fois. Chaque bagarre occupe un ou deux chapitres maxi, et c'est réglé.
- le méchant final n'est pas totalement ridicule: ATTENTION SPOIL FINAL ( d'ailleurs la fin est même vraiment trop vite expédiée après la dernière baston, ça aussi c'est du gâchis de bon personnage, je n'arrive pas à croire ce qui se passe dans les 5 dernières pages.Le bad guy se repent, se suicide -en 1 case- cash! Et tout le monde s'en fout, même pas une remarque là dessus. The end!)
- Pas d'histoire d'amour mièvre, ça repose, il y a peu de personnages féminins, qui ne servent pas trop à grand chose, surtout à faire joli. Donc pas de potiche geignarde! Juste des potiches en tenue heu...vous pouvez me rappeler l'âge du public visé? La chevalière du caméléon a quand même une armure vachement SM)
- c'est plutôt drôle pour peu qu'on le lise au Xième degré. Mais attention tout de même, c'est un peu saignant, on va déconseiller aux plus jeunes ( volume 3, y'a quand même un type qui se faire proprement - heu non, pas proprement justement - dépecer.. même si c'est un rêve). Miam, de la violence gratuite!
Toujours aussi flashy, mais un poil mieux travaillé

En conclusion, ce n'est pas le manga du siècle, mais j'ai passé un moment sympathique de lecture, l'univers est assez original pour m'intriguer même si le prétexte mythologique se dilue assez vite, l'auteur - qui a l'air assez barré - s'est amusé comme un petit fou a dessiner ses armures, et a brodé un scénario rien que pour ça. Ca aurait pu être totalement bâclé, mais malgré un morale un peu naïve ( on arrive à tout quand on bosse en équipe), non, finalement, c'est comment dire, à la fois un peu balourd, mais attachant. Bon je lirais la suite, apparemment, après Athéna, c'est Poséidon qui va faire les frais de l'imagination délirante de M. Kurumada, et j'ai envie de savoir jusqu'où il va aller dans l'improbable rencontre de la mythologie et du manga de baston.

Tiens ça me rappelle qu'à la même époque, il y a avait un autre dessin animé qui exploitait le filon, mais en version "mignonne": la petite Olympe et les dieux. Ne me demandez pas l'histoire, j'ai déjà eu assez de mal à me souvenir du titre!

(là aussi, article réédité  de mon autre blog, les deux arcs suivants vont d'ailleurs suivre tout de suite)

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