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dimanche 17 avril 2016

Rétrospective Kurosawa (3) - le château de l'araignée ( film 1957)

3° film de la série. en théorie ça aurait du être les Bas-Fonds, mais hélas , j'étais malade le SEUL jour où mon planning m'aurait permis de le voir ( et sur la prochaine programmation, ça va être coton pour en voir certains qui ne sont diffusé qu'à des horaires où je ne suis pas libre. Je sais déjà que je raterai Dodeskaden)

Donc j'enchaîne un jidai Geki très théâtral avec un jidai Geki.. très théâtral aussi. Mais cette fois pas de transposition d'une pièce de Kabuki et d'un événement de l'histoire japonaise.

Entrons dans le vif du sujet: Dans le Japon médiéval, le château de l'araignée est une place forte entourée de quatre forts avancés. La guerre civile menace le château, deux des forts sont déjà tombés mais contre toute attente , la situation se renverse: Washizu, commandant du premier fort, et Miki commandant du second ont non seulement résisté mais reconquis le terrain perdu et gagné la bataille.

Convoqués par leur seigneur pour être récompensés comme ils se doit, ils se perdent dans une forêt brumeuse.. aussi brumeuse que la lande d'Ecosse en fait ( vous comprendrez cette comparaison en temps voulu). Chemin faisant ils rencontre un esprit à l'apparence d'ermite filant qui leur prédit un avenir glorieux:
Washizu sera promu et deviendra à terme seigneur du château de l'araignée, Miki sera promu commandant du premier fort et son fils deviendra à son tour seigneur du château de l'araignée.

Comment deux personnes peuvent être seigneur d'un même lieu, lorsque celui ci est déjà dirigé par une tierce personne.

Devant cet oracle brumeux, Washizu se serait contenté de sa promotion.. s'il n'avait eu le malheur d'en parler à sa femme, qui insinue peu à peu dans son esprit que leur seigneur ne lui a pas du tout fait un cadeau, qu'il a juste l'intention de l'éloigner, et à terme de s'en débarrasser, et donc que le seul moyen de réaliser la prophétie, c'est de le tuer avant qu'il ne le fasse, en enivrant les gardes, puis en faisant passer le meurtre sur le dos d'un espion à la solde de l'ennemi vaincu.
Et ainsi passer pour un héroïque vengeur qui vient non pour devenir seigneur , mais bien pour punir le lâche traître qui l'a fait assassiner, ce qui bien évidemment, ne peu se faire qu'en prenant le pouvoir.
Une fois gagné le titre de seigneur, il ne lui restera plus qu'à se débarrasser aussi de Miki et sa famille pour couper court à la prophétie..

Une forêt, de la brume, du fantastique? Une femme qui pousse son mari au meurtre du seigneur local pour prendre sa place,
Ça me rappelle quelque chose...
Bingo!

Il s'agit donc bien évidemment d'une transposition dans le Japon ancien de la tragédie de Shakespeare ( d'où la remarque sur les brumes écossaises), montrant que cette histoire d'appât du pouvoir et de manipulation est intemporelle et valable quel que soi le lieu.
Disons même que c'est même quasiment l'histoire intemporelle par essence: l'appât du gain ou du pouvoir l'ambition, la manipulation, la folie...
Et cette fois, contrairement aux Salauds ou la référence à Hamlet était plus vague, Kurosawa cite directement ses source: la femme de Washizu participe au crime, puis perdant peu à peu la raison à force de paranoïa, passe son temps à laver ses mains couverte d'un sang qu'elle seule voit au dessus d'une bassine.. vide...

On y retrouve dans le rôle principal Toshirô Mifune, j'ai déjà dit tous le bien que j'en pensais dans le premier sujet consacré à cette rétrospective, je ne reviendrais pas non plus sur ce que je disais: les cadrages superbes, l'éclairage qui joue à fond des contrastes en noir et blanc, le jeu volontairement très théâtral des acteurs, parfois presque expressionniste. C'est Macbeth de A à Z, dans une adaptation somptueuse.

Tiens ça me fait penser que je n'ai jamais vu la version d'Orson Welles tournée juste 8 ou 9 ans plus tôt. Je pourrais essayer de faire ça, une comparaison entre les deux pour l'occasion des 400 ans de la mort de Shakespeare, le 23 avril prochain...

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