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jeudi 16 novembre 2017

Black rose Alice ( manga en 6 tomes)

A la suite d'une discussion sur Facebook, je me suis rendu compte que je n'avais pas encore chroniqué ici cette courte série de Mizushiro Setona.

et pour cause, autant il est facile de dire qu'on a adoré quelque chose, ou  de descendre en flamme quelque chose  qu'on a détesté (mais toujours en argumentant, la critique n'est jamais gratuite), autant il est plus difficile de trancher quand on est dans le " oui, mais..."
Et la on est pour moi clairement dans le " Oui, mais..."

je suis d'accord, la couverture du tome 1 pique un peu les yeux: du rose, des roses, des ronces et une gothic Lolita qui tire la tronche. Alors que l'histoire au début au moins est plutôt sombre.

Tout commençait pourtant très bien, avec la mise en parallèle de 2 histoires en miroir.
La première au début du XX° siècle, à Vienne: Dimitri est un jeune chanteur d'opéra au talent prometteur qui a eu la chance qu'un noble le prenne en sympathie dès sa jeunesse et lui offre une éducation que ses origines tziganes ne lui auraient jamais permis d'avoir autrement. Mais évidemment, si son talent, son charme et son don pour le baratin lui ouvrent des portes ( et notamment celles des chambres de riches dames avides d'une aventure extraconjugale), il se heurte à ce qu'on appelle maintenant le plafond de verre.
Et ne pourra jamais espérer aller plus haut dans la bonne société: animer des soirées oui, être ami avec le fils du noble, oui, mais être l'égal des nobles non.
Bien évidemment, Dimitri est amoureux d'Agniezka, une femme qu'il ne pourra jamais épousée, car elle est riche, noble et fiancée au fils de la famille qui l'a éduqué.
En tentant de fuir cette situation compliquée, il est écrasé par un fiacre et s'en sort par miracle. Mais pas sans changement:il ne doit sa survie qu'à une graine qui a pris possession de son corps au moment où il allait mourir et l'a maintenant en vie.
Avec un effet secondaire inattendu et problématique pour un chanteur: sa voix peut maintenant, sans qu'il le veuille vraiment, pousser des gens au suicide.
C'est un homme étrange qui lui explique ce qu'il se passe: les vampires existent, le vampirisme ( version Setona) est une sorte de parasitisme végétal, et va devoir maintenant une femme chez qui.. planter la petite graine au sens propre ( oui oui, il est question de reproduction par graines dans cette histoire). Mais attention, il n'a droit qu'à une seule tentative, puisqu'il mourra aussitôt après. Un chanteur qui ne peut plus chanter ET un Don Juan qui ne peut plus séduire!

Pour lui ce ne peut être qu'Agniezka, dans son idée, elle ne pourra pas lui dire non, sauf que...coincée avec quelqu'un qui veut abuser d'elle, elle préfère encore se suicider.
Dans son remord, Dimitri trouve un moyen de garder "endormi" le cadavre d'Agniezka, jusqu'au moment où il trouvera une âme compatible pour la ressusciter, pour quelque part, rattraper son erreur. Mauvaise idée, on est d'accord.

Seconde histoire:au Japon, début du XXI°siècle.
Azusa est enseignante, pianiste amatrice, approche de la trentaine et se débat dans une histoire d'amour compliquée.
En effet, un de ses élèves, mineur, la drague tant et plus et Azusa est sur le point de céder aux avances du jeune homme, et de s'engager dans une relation interdite et condamnée par la société.
Lorsque tous deux sont victimes d'un accident, Dimitri, qui surveillait déjà Azusa avec un certain intérêt, voit là une occasion de faire revivre Agniezka et propose à Azusa un marché: le garçon survivra, sans séquelles, mais en échange, elle doit lui confier son âme.

Azusa accepte et.. se réveille quelques temps plus tard dans le corps d'une blondinette européenne de 18 ans.
Entourée de 4 hommes inconnus.
Qui lui expliquent cash le détail du marché qu'elle a passé avec Dimitri: On lui laisse du temps, mais elle va devoir choisir soigneusement l'un d'entre eux, coucher avec, sachant que ça sera le dernier choix qu'elle fera puisque elle même autant que l'heureux élu mourront peu après. En attendant, c'est elle la reine de la ruche.

Je ne vous ai présenté là que le premier tome, c'est vrai.

Ca part bien hein?
Accidents, suicide,marché démoniaque, une approche totalement différente du thème du vampire ( vu à la fois comme un parasitisme végétal et comme un écosystème symbotique.Amis arachnophobes , je crois que vous feriez mieux d'éviter ce manga), un contexte ouvertement sexuel ( mention à Azusa qui, une fois le choc passé lance directement à la cantonade " alors il faut que je couche avec de morts?... bon, qui passe en premier?" Je n'ai pa le tome sous la main, mais c'est à peu près ça, avant d'apprendre qu'elle n'a qu'une chance et qu'un seul pourra planter la petite graine - oui cette expression n'est pas dans le manga,mais elle aurait du, tant c'est de mise!)

En fait les 3 premiers tomes sont assez sympas, puisqu'ils présentent les 3 autres protagonistes, avec un sérieux concurrent pour Dimitri.
Mais les 3 suivants perdent en intérêt.
Ma Petite Médiathèque est encore plus critique que moi.

 Je suis d'accord sur quelques points: le fait que l'action, et surtout dans les deux derniers tomes, tourne autour du choix qu'Azusa, rebaptisée Alice va devoir faire avec un nombre toujours plus restreint d'options, et le fait qu'elle se "chochotise" de plus en plus, alors qu'elle est supposée être une adulte, avec son vécu d'adulte, dans le corps d'une ado. Pas l'inverse. Et pourtant, c'est un peu comme si la nouvelle apparence extérieure qu'elle revêt vampirisait aussi son esprit.
Je suppose que c'est voulu, mais est-ce que c'est un problème de traduction qui laisse échapper des informations, est-ce que c'est une maladresse scénaristique d'origine, ça, je ne saurais trancher. Peut être un peu des deux.

Pourtant il y avait de bonnes idées, sur, justement l'apparence qui n'est pas forcément révélatrice de ce que l'on est ( j'aime bien Leo, un des autres vampires, qui a tout du type sympa, gentil, prévenant... et incroyablement calculateur, le genre à avoir toujours une solution B sous le coude quand les choses ne vont pas dans son sens); sur le poids des conventions sociales: un tzigane  ne sera jamais intégré dans la bonne société viennoise et toujours renvoyé à ses origines, et une relation majeur-mineur et prof -élève sera toujours sanctionnée par la société ( enfin, sera sanctionné dans le cas où c'est la femme qui est la plus âgée, et même si le garçon est quasi-majeur, soyons clairs, ce n'est pas un gamin de 10 ans, mais un ado de 17 ans qui la trouble),
des choses comme ça qui auraient mérité d'être creusées mais ne le sont pas assez.

Enfin bon, pour moi, le problème majeur, est quand même l'intéressant emploi du cadre musical ( un chanteur dont la voix peut soudainement devenir une arme!) qui disparait presque totalement.
On apprend peu à peu des choses sur les autres personnages, mais finalement leur nombre est un peu trop restreint pour 6 tomes (et il y en a qui quittent le casting en cours de route en plus!), donc on finit par tourner en rond dans un jeu de chaises musicales scénaristique.

donc voilà" Oui, mais..."
Apparemment la mangaka pense ou pensait développer son histoire un peu plus puisque le tome 6 se clôt sur un laconique " fin de la 1° partie". Le dernier tome en date est paru en 2011 au Japon, et pour l'instant, pas l'ombre d'une suite. Peut-être qu'elle aussi se demande comment continuer cette histoire sans trop savoir maintenant par quel bout la prendre pour introduire de nouveaux personnages ( et ça, impossible d'y couper, on ne peut pas faire une suite avec en gros 4 personnages seulement!)

Et pourtant malgré ces réserves je l'ai trouvé sympa, suffisamment en tout cas pour être curieuse de la fameuse suite, si elle paraît un jour. Parce que j'aime bien le graphisme pas facile mais spécial de la dessinatrice, parce que le potentiel sous-jacent n'a pas été assez exploité et que c'est frustrant, alors que les deux premiers tomes étaient très prometteurs.

Ce qui pourrait me tenter, ça pourrait être une préquelle, sur ce qui s'est passé avant Vienne. J'avoue que j'aimerais bien voir le lord cruel qui n'est qu'évoqué dans le tome 1. Histoire d'avoir quelqu'un chose d'un peu plus sombre, dans la lignée de ce que laissait supposer le début
Bon sans aller jusqu'au Marquis de Sade illustré, hein, je n'en demande quand même pas tant!

Nota: je ne comprendrai décidément jamais l'obsession des japonais pour Alice au pays des Merveilles, et étonnamment, la version livre plutôt que celle de Disney. Les références sont partout dans la culture pop, au point d'en devenir un gros cliché qui me sort un peu par les yeux.
Par curiosité je suis allée au café thématique "Alice" à Tokyo - c'était ça ou "Alcatraz", j'ai vite choisi - et c'est très décevant, en tout cas ça l'était en 2011: un café absolument normal, qui ne sert même pas de biscuits inscrits " eat me" ou ce genre de choses. Juste un décor avec des stickers tirés des illustrations du livre, des couleurs de cartes,  et des serveuses vaguement habillées en petites filles anglaises du XIX°



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